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LIVRE VIIe. — CHAPITRE 1er.

des principes créés pour le besoin de chaque fraction de la connoissance, de chaque groupe de faits que l’esprit considère exclusivement, de chaque explication partielle : déplorable méthode qui substitue la pure hypothèse à la cause effective, répand dans la science une désespérante confusion, en isole les diverses parties par des théories inconciliables, et creuse entre elles des abîmes de contradiction.

L’unité de la science est donc le but auquel on doit tendre perpétuellement, car l’unité de la science, c’est la vérité de la science. On ne sauroit sans doute atteindre ce terme, réel en Dieu, idéal pour nous, du développement de l’intelligence, mais on peut et l’on doit diminuer toujours plus la distance qui nous en sépare ; on peut, dans une mesure indéfinie, remédier à l’imperfection de notre mode successif de connoitre et de concevoir, par une sorte de retour de la pensée au centre de toute pensée, par l’habitude acquise de ramener à leur source immuable, éternelle, les phénomènes contingents, variables, en prenant, si l’on peut s’exprimer ainsi, une possession ferme de ce point central où tout aboutit et d’où tout émane. Alors une vive lumière s’épandroit sur tous les objets de l’expérience et de l’observation, alors on seroit étonné des progrès rapides de la science. Car deux obstacles arrêtent