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craignent beaucoup plus la présente chambre d’assemblée que leurs prédécesseurs ne redoutaient les assemblées réformistes les plus violentes. Cette crainte ne se restreint cependant pas seulement à la chambre actuelle : ils sentent que sous tous les rapports, ils ne peuvent s’attendre à rencontrer une chambre d’assemblée disposée à les maintenir ; c’est pourquoi ils paraissant désirer un changement dans le système colonial qui puisse avoir l’effet de les rendre dépendants du gouvernement impérial seul, afin de se soustraire au contrôle de la législature provinciale, quelque puisse être le parti qui ai obtenu la prépondérance dans l’assemblée.

Tandis que le gouvernement ne possède ainsi aucun vrai pouvoir, la législature, dont les meneurs ont seuls ce pouvoir entre les mains, ne commande pas, sous aucun rapport, autant de cette confiance du peuple qu’une législature devrait le faire. Je dis ceci sans prétendre faire la moindre imputation aux membres de la chambre d’assemblée, parce qu’en vérité, les circonstances sous lesquelles, ils ont été élus, ont été telles qu’ils se sont rendus des objets de soupçons et de reproche à un nombre de leurs compatriotes. Ils ont été accusés d’avoir violé les engagements par eux pris à leurs élections. On dit que plusieurs d’entr’eux vinrent en avant se dirent élus, comme étant de vrais réformistes, que qu’opposés à la demande d’une indépendance coloniale qui pût amener une séparation d’avec la mère-pafrie. Il ne parait y avoir aucun doute qu’en différentes places, où les tories ont réussi, les électeurs désiraient seulement élire des membres qui ne hasardassent pas une lutte avec l’Angleterre, en mettant au jour des prétentions qui, d’après la proclamation du lieutenant-gouverneur, devaient être tout-à-fait inutiles : ils croyaient élire des membres qui supporteraient sir Francis Head. Dans les réformes économiques que le pays désirait encore plus que des changements politiques, réformes pour lesquelles seules on avait demandé des changements politiques. Dans beaucoup d’autres occasions aussi, les élections furent gagnées par l’exercice non scrupuleux, de l’influence du gouvernement, et par un déploiement de violence de la part des tories, qui étaient enhardis par l’appui des autorités. Il fut dit, mais je crois sans fondement, que le gouvernement fit des octrois de terre aux personnes qui n’y avaient aucun tître, pour s’assurer de leurs votes. Le rapport a pris son origine de ce que des patentes pour des personnes qui y avaient droit, mais qui ne les avaient pas encore prises, furent envoyées aux lieux où se tenaient les élections, pour être données aux individus à qui elles appartenaient, dans le cas où ils seraient disposée à voter pour le candidat du gouvernement.