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idée très erronée des parties litigantes au Bas-Canada. La querelle qu’on m’envoyait régler, avait été une querelle entre le gouvernement exécutif et la branche populaire de la législature. Cette dernière avait, en apparence, lutté pour les droits populaires et le gouvernement libre. Le gouvernement exécutif avait défendu la prérogative de la couronne, et les institutions qui, en conformité avec les principes de la constitution britannique, avaient été établies comme des contrepoids à l'exercice sans frein du pouvoir populaire. Quoique, dans le cours de la dispute, il avait été donné des indications de l’existence de dissensions, encore plus profondes et plus formidables qu’aucune de celles qui proviennent de causes simplement politiques, je m’étais encore imaginé, de concert avec la plupart de mes compatriotes que la source primitive et constante du mal devait se trouver dans les vices des institutions politiques des provinces ; qu’une réforme de la constitution, ou peut-être seulement l’introduction d’une pratique plus saine dans l’administration du gouvernement, feraient disparaître toutes les causes de la dispute et des plaintes. Cette opinion fut raffermie par le fait bien connu que les dissensions politiques qui avaient produit leurs plus formidables résultats dans cette province, avaient pris une forme semblable, quoique plus douce, dans les colonies voisines ; et que la tranquillité de chacune des provinces de l’Amérique Septentrionale était sujette à être constamment troublée par les collisions entre l’exécutif et les représentant du peuple. Les constitutions de ces colonies, les caractères officiels, et les positions des parties contendantes, les objets voués de la dispute, et les principes généraux avancés de chaque côté, étaient si semblables, que je dus concourir à l’opinion très générale que cette querelle commune était le résultat de quelque défaut commun dans les institutions presque identiques de ces provinces. Je la regardai comme une de ces disputes analogues à celles avec lesquelles l’histoire et l’expérience nous ont rendus si familiers en Europe, une dispute entre un peuple qui demande une extension de privilèges populaires, d’un côté, et de l’autre un exécutif qui défend le pouvoir qu’il concevait nécessaire pour le maintien de l’ordre. Je supposai que ma principale besogne serait de déterminer jusqu’à quel point chaque parti pouvait avoir droit, ou lequel était dans le tort ; de trouver quelque moyen de faire disparaître les défauts qui avaient occasionné la collision ; et de rétablir dans les pouvoirs constitutionnels une balance qui pourrait assurer le fonctionnement libre et paisible de la machine du gouvernement.

Dans une dépêche que j’adressai le 9 août dernier, au principal