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des affaires. Le banc, la magistrature, les hauts emplois de l’église épiscopale et une grande partie de la profession légale, sont remplis par des adhérents à ce parti ; par des octrois ou des achats, il a acquis presque toutes les terres incultes de la Province. Ce parti est tout-puissant dans les banques à chartes, et jusqu’à ces derniers temps, il a partagé entre ses membres presqu’exclusivement tous les emplois de confiance et de profit. La masse de ce parti est composée en grande partie d’habitants natifs de la Colonie, ou d’émigrés qui s’y sont établis avant la dernière guerre avec les États-Unis. Ses principaux membres font partie de l’église d’Angleterre, et les prétentions de cette église ont toujours été ce qui l’a le plus distingué.

Un monopole de pouvoir si étendu et si durable ne pouvait pas manquer, dans la suite des temps, d’exciter l’envie, de créer le mécontentement, et en dernier lieu de provoquer l’attaque ; et en conséquence une opposition s’éleva dans l’Assemblée qui assaillit le parti du pouvoir, en en appelant à des principes de gouvernement populaires, en dénonçant le prétendu agiotage et la profession du parti officiel, en faisant des enquêtes sur les abus, dans le dessein de promouvoir la réforme, et particulièrement l’économie. La question de la plus grande importance, élevée dans le cours de ces contestations, fut celle de la disposition des réserves du clergé ; et, quoique différents modes de disposer de ces terres, ou plutôt des fonds qui en provenaient, furent suggérés, les Réformistes ou l’opposition réussirent très généralement dans leurs appels au peuple contre le projet du parti Tory ou officiel, qui était de les dévouer exclusivement au soutien de l’église épiscopale Anglaise. Les Réformistes en agitant successivement ces diverses questions d’économie, obtinrent une majorité. Comme presque tous les partis populaires dans les Colonies, cette majorité dirigea son pouvoir avec peu de discrétion et d’habileté, offensa un grand nombre de ses commettants, et étant contrecarrée par le Conseil Législatif et décidément opposé par toute l’influence personnelle et officielle du parti en office, une dissolution la replaça de nouveau en minorité dans l’Assemblée. Ce revers de fortune ne se répéta pas qu’une fois, car aucun parti ne posséda pour quelque temps la majorité dans deux parlements successifs. La présente Chambre est la cinquième de ces Chambres d’Assemblée alternatives.

Cependant les Réformistes découvrirent à la fin que le succès dans les élections ne leur assurait que bien peu de bénéfice en pratique. Car le parti officiel, n’étant point déplacé quand il ne pouvait commander une majorité dans l’Assemblée, continuait tou-