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L’acte constitutionnel, qui a réglé les appropriations des réserves du clergé protestant dans les Townships, n’a fait aucune disposition pour le support du clergé catholique, dans le cas où la population Française s’étendrait au-delà des limites des Seigneuries. Quoique je pense qu’il existe quelque pouvoir pour établir de nouvelles paroisses catholiques, et quoique ce pouvoir ait été exercé dans quelques cas peu nombreux, je suis convaincu que ce manque de moyens pour se procurer l’instruction religieuse a été la cause principale de l’aversion des Français à se fixer dans les nouveaux établissements, attendu que le culte leur devenait onéreux à mesure que leur nombre augmentait. C’est avec justesse que l’on a observé que les devoirs religieux des Canadiens Français sont tellement liés avec leurs autres affaires et leurs amusements, que le prêtre et l’église sont pour eux, plus que pour tout autre peuple, le centre de leurs petites sociétés. Afin de les encourager à agrandir leur population, et à chercher l’aisance et la prospérité dans de nouveaux établissements, un gouvernement sage aurait pris soin d’aider, par tous les moyens à propager pour eux les moyens d’instruction religieuse.

La population protestante du Bas-Canada a dernièrement été considérablement agitée par la question des réserves du clergé. Le sens du terme ambigu, clergé protestant, a été discuté avec chaleur de part et d’autre ; et tous les partisans ont lutté d’ingénuité pour interpréter ces termes d’après leurs inclinations, soit dans des vues d’agrandissement pour la secte à laquelle ils appartenaient, soit dans l’intérêt de l’égalité religieuse.

En conséquence du petit nombre de la population Anglaise, des fondations de l’église catholique dans les parties les plus peuplées et les plus importantes du Bas-Canada, et surtout des causes plus formidables et des dissensions, les difficultés entre les diverses sectes protestantes pour les réserves du clergé, n’ont pas pris le caractère de gravité qu’elles ont acquis dans le Haut-Canada. Dans le compte que je rendrai de cette dernière Province, je parlerai plus au long de cette question déjà tant débattue. Je suis informé que la crainte de mesures tendant à donner l’ascendant à un clergé d’une dénomination particulière, a déjà produit dans cette Province un degré d’irritation qui a presque privé la Couronne de l’appui de la population Britannique, dans un moment de danger imminent. Je dois donc recommander avec force qu’on fasse l’application au Bas-Canada du plan qu’on suivra pour régler la question des réserves du clergé dans le Haut-Canada. Les biens de l’église catholique, et les services du clergé nombreux et zélé de cette religion, ont été du plus grand avantage à la grande masse des émigrés catholiques Irlandais, qui se sont beaucoup reposés sur les secours de charité et de religion qu’ils en ont reçu. Les prêtres ont un pouvoir presque illimité sur la plus basse classe de la population Irlandaise ; et l’on prétend que cette influence a été très fortement exercée l’hiver dernier pour s’assurer de la loyauté d’un bon nombre d’Irlandais durant les troubles. La loyauté qu’ont montrée en général les Irlandais l’hiver dernier, et la nécessité de la maintenir pour des époques futures de diffi-