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reçu que peu de réponses ; mais il était à désirer de ne point perdre les fruits des moyens d’information qu’il avait ainsi préparés, et une personne qualifiée a été laissée an Canada pour recevoir et classer les réponses. Des informations complètes concernant l’état de l’éducation, et les résultats des tentatives faites pour instruire le peuple, seront bientôt mises devant le Gouvernement.

Les informations prises par le commissaire ont tendu à n’inspirer que de bien faibles espérances de pouvoir immédiatement mettre en pratique un système général et solide d’éducation pour la Province. Ce n’est pas que le peuple lui-même soit ou indifférent ou opposé à ce plan. Au contraire, j’ai vu avec plaisir que la population Française sentait profondément ce qui lui manquait du côté de l’éducation, et désirait se procurer les moyens de donner à la nouvelle génération les avantages de l’éducation dont elle a été privée. Les Anglais nourrissaient le même désir ; et je crois que l’une et l’autre population se soumettrait assez volontiers à des taxes locales pour cette fin.

Les habitants du nord de l’Amérique, jouissant d’une somme de bien-être matériel, inconnu aux paysans des autres parties du monde, sont généralement très imbus de l’importance de l’éducation. Et les nobles dispositions légales que chacun des États du nord de l’Union s’est fait une gloire de passer pour l’éducation de la jeunesse, ont excité un sentiment général d’émulation dans les Provinces voisines, et le désir, qui aura sans doute des résultats heureux, de perfectionner leurs institutions d’éducation.

C’est pourquoi il est à regretter qu’il paraisse exister des obstacles à l’établissement d’un système général d’instruction, qui répondrait aux besoins, et, je crois aux vœux de tout le peuple. Le clergé Catholique, auquel la population Française et Irlandaise du Bas-Canada doivent les moyens quelconques d’éducation qu’ils possèdent, semble avoir beaucoup d’objections à ce que l’État lui ôte l’éducation de la jeunesse. Le clergé d’une autre dénomination montre aussi un désir de donner à l’éducation un caractère de secte, qui serait particulièrement pernicieux dans ce pays, en ce qu’inévitablement il aggraverait et perpétuerait les distinctions d’origine déjà existantes. Je suis fâché d’être obligé de dire que le Gouvernement Britannique, depuis qu’il possède la Colonie, n’a rien fait ou n’a rien tenté pour promouvoir généralement l’éducation. En effet, le seul cas où le Gouvernement s’est trouvé en rapport avec l’éducation ne lui fait aucun honneur. Car il a appliqué les revenus des Jésuites, destinés pour l’éducation, à stipendier certains services particuliers, et il a maintenu, pendant plusieurs années une lutte opiniâtre avec l’Assemblée, dans la vue de continuer ce système injuste d’appropriation.

Quant aux Hôpitaux, aux Prisons, et aux Institutions charitables du Bas-Canada, je réfère à des informations précieuses recueillies, sous ma direction, par Sir John Doratt, comme Inspecteur Général des Hôpitaux, et des Institutions littéraires et charitables, lesquelles informations feront un chapitre séparé de l’appendice annexé à ce rapport. Je regrette que l’urgence d’autres objets plus pressants ne m’ait pas permis