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pouvaient empêcher la désertion de leurs équipages, j’ai établi une police de trente-deux hommes, en Juin dernier, sur le plan de la police de Londres. Cette police a été portée à 75, en Octobre dernier ; et l’inspecteur de police m’a représenté ce nombre comme à peine suffisant.

À Montréal, où l’on n’avait point tenté d’établir un système général de police, j’ai requis M. Leclerc, qui avait été nommé magistrat stipendiaire par Lord Gosford, d’organiser une force semblable à celle de Québec. Le nombre de cette police est maintenant porté à 100.

Dans le reste de la Province, où les fonctions de la police avaient coutume d’être remplies par la milice, ce corps étant maintenant désorganisé, il n’y a plus à présent de police du tout. Dans le cours de l’automne, je fus informé, par M.Young qu’une personne, qui avait commis un assaut violent avec intention de meurtre dans la paroisse de Sainte-Catherine, à 45 mille de Québec, était encore libre quinze jours après l’assaut est qu’on n’avait trouvé aucun moyen d’exécuter le warrant émané contre elle par un magistrat du comté. Pour mettre la loi à effet, M. Young fut autorisé à envoyer des hommes de la police assermentés comme connétables spéciaux, cette paroisse étant hors de sa jurisdiction ; et ils arrêtèrent l’individu en question. Quand Dodge et Theller s’échappèrent de la citadelle, et qu’on supposait qu’ils avaient pris le chemin de Kennebec, il n’y eut aucun moyen de prévenir leur fuite qu’on envoyant la police de Québec jusqu’aux frontières des États-Unis. Comme il n’y avait point de police rurale, on avait employé le même moyen dans le cas d’un déserteur.

Dans le cours du compte rendu ci-dessus, j’ai déjà donné, en passant, plusieurs des plus importants détails sur les lois concernant l’éducation dans le Bas-Canada. J’ai décrit l’ignorance générale du peuple, et ses tentatives abortives que l’on avait faites, ou prétendu faire, pour établir un système général d’instruction publique ; j’ai décrit la surabondance singulière d’une éducation défectueuse qui existe pour la classe la plus élevée, et qui est à la disposition seule du clergé catholique. Il ne me reste plus qu’à dire, que quoique ceux qui arrivent d’Angleterre soient d’ordinaire plus ou moins instruits, ils ne sont guère mieux situés que les Français pour faire instruire leurs enfants et de fait ne possèdent aucun moyen quelconque, si ce n’est dans les villes. Les Anglais n’ont aucun collège dans la Province ; et les besoins d’éducation générale et professionnelle attire tous les ans un grand nombre de jeunes gens aux État-Unis.

Je ne puis donner beaucoup plus d’informations que n’en possède déjà le Gouvernement sur le manque d’instruction, et sur les moyens de l’éducation dans la Province. Le commissaire que j’avais nommé pour prendre des informations sur l’état de l’éducation dans la province, s’est efforcé très à propos de faire une enquête si ample et si détaillée, qu’il lui fut possible d’exposer la question dans tout son jour ; et dans cette vue il avait préparé avec beaucoup de soin une série de questions, qu’il avait transmises à plusieurs personnes dans les paroisses. Lorsque ses travaux furent terminés, de concert avec les miens, il n’avait encore