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de comté, ni officiers municipaux, ni officiers de paroisse soit nommés par la couronne, soit élus par le peuple. Il y a un corps de Juges de Paix non rétribués, dont je parlerai ci-après plus en détail. Les officiers de milice avaient coutume d’être employés aux fins de police, quant à ce qui regarde la signification des warrants en affaires criminelles ; mais leurs services étaient volontaires et n’étaient pas très assidus ; et tout ce corps est maintenant désorganisé. Dans les cas où le gouvernement avait besoin d’informations, ou quelque service à faire remplir dans une partie éloignée de la Province, il lui fallait ou envoyer quelqu’un sur les lieux, ou chercher, au siège du gouvernement, le nom de quelqu’un domicilié sur les lieux, qu’il était à propos et sûr de consulter sur le sujet, ou de charger d’exécuter ce qu’il y avait à faire. Dans l’état où en étaient les partis dans le pays, on ne pouvait jamais à peine prendre cette marche sans avoir à se fier à des informations très suspectes, ou à déléguer le pouvoir à des personnes qui vraisemblablement en abuseraient, ou seraient soupçonnées de l’avoir fait.

Le manque total de mécanisme dans le gouvernement exécutif de la Province, n’est peut-être pas plus frappant qu’on ne pourrait le remarquer dans quelques sections les plus florissantes du continent Américain. Mais dans la plupart des états dont je parle, le manque de moyens à la disposition de l’exécutif central se trouve amplement supplée par l’efficacité des institutions municipales ; et même ou elles manquent, ou sont imparfaites, l’énergie et les habitudes du gouvernement de soi d’une population Anglo-saxonne la font se combiner toutes les fois que la nécessité s’en fait sentir. Mais la population Française du Bas-Canada ne possède ni de telles institutions ni un tel caractère. Accoutumés à tout attendre du gouvernement, elle n’a le pouvoir de ne rien faire pour elle-même, encore moins d’assister l’autorité centrale.

Le manque complet d’institutions municipales donnant au peuple quelque contrôle sur ses affaires locales, peut en vérité être regardé comme une des principales causes de l’insuccès du gouvernement représentatif et de la mauvaise administration du pays. Si l’on eût suivi à tous égards dans le Bas-Canada, le sage exemple des pays dans lesquels seuls le gouvernement représentatif libre a bien fonctionné, on aurait eu le soin en même temps qu’on y introduisait le système parlementaire, basé sur un suffrage très étendu, que le peuple fût investi d’un contrôle complet sur ses propres affaires locales et exercé à prendre sa part dans les affaires de la province par l’expérience qu’il aurait acquise dans la régie des affaires locales qui l’intéressent de plus près et qu’il sait le mieux