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d’aucune administration vigoureuse de la prérogative de la Couronne. Le fait est que, d’après le système actuel, il n’y a pas de vrai représentant de la Couronne dans la province ; il n’y a pas, à proprement parler, de pouvoir chez qui origine le gouvernement exécutif et qui en a la conduite. Le gouverneur, il est vrai, passe pour y représenter le Souverain, et l’autorité de la Couronne lui est jusqu’à un certain point déléguée ; mais il est, de fait, un simple officier subdélégué, recevant des ordres du Secrétaire d’état, responsable à lui de sa conduite, et guidé par ses instructions. Au lieu de choisir un gouverneur, avec une entière confiance dans sa capacité d’user de ses connaissances locales sur l’état des affaires dans la colonie, de la manière que l’observation locale et l’expérience pratique lui prescriront être la meilleure, la politique du département Colonial a été, non seulement de donner au gouverneur dans le commencement, des instructions sur la politique générale qu’il doit mettre à effet, mais de lui ordonner, de temps en temps, par des instructions, quelque fois très précises, de suivre une certaine marche à l’égard de chaque détail important de son administration. Théoriquement irresponsable envers la Législature Coloniale, le gouverneur était en effet le seul officier dans la Colonie qui était du tout responsable ; en autant que l’assemblée, en concentrant ses attaques sur lui, et le faisant paraître comme la seule cause des difficultés du gouvernement, pouvait lui occasionner tant de vexation, et le représenter sous un jour si défavorable en Angleterre, que souvent elle réussit à lui imposer la nécessité de résigner, ou au Ministre Colonial celle de le rappeler. Pour se mettre à l’abri de cette responsabilité, ça été inévitablement et très justifiablement la politique des gouverneurs d’avoir soin de rendre la double responsabilité aussi légère que possible ; de s’efforcer de la jeter, autant que possible, sur le gouvernement impérial, et de faire le moins possible sans préalablement consister le Ministre Colonial en Angleterre, et recevoir ses instructions. La tendance du gouvernement local a donc toujours été de régler tout en référant au département colonial dans Downing Street. Presque toutes les questions sur lesquelles il était possible d’éviter une décision, fut-ce même au prix de grands inconvénients, ont été habituellement le sujet de référence ; et cela s’applique non seulement aux questions sur lesquelles l’Exécutif local et le corps législatif se trouvaient à différer d’avis, dans lesquelles la référence pourrait être prise pour une espèce d’appel, mais à des questions d’une nature purement locale, sur lesquelles il était à peu près impossible que le