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diats, et à en assurer le retour. Elle fournit des aliments pour la saison de la disette, et de la semence pour semer même du blé aussi tard que le 20 de juin, récolte qui devait sûrement périr à son tour ; car elle avait ainsi soulagé la même espèce de détresse précisément dans les mêmes places, pendant plusieurs années successives ; et sa politique paraissait être de pensionner une partie du peuple pour semer du blé où il ne mûrirait pas. Il est triste une de penser aux occasions de bonne législation qui furent sacrifiées dans cette pure contestation pour le pouvoir. Il n’y a jamais eu de pays au monde qui demandât d’un gouvernement paternel, ou de représentant patriotes, plus de réformes incessantes et vigoureuse, et dans ses lois et dans son système administratif. Le Bas-Canada avait, lorsque nous le reçûmes à la conquête, deux institutions qui seules conservèrent le semblant de l’ordre et de la civilisation dans la société — l’église Catholique, et la milice, qui était constituée et employée de manière à suppléer partiellement au manque de meilleurs institutions civiles. L’heureuse influence de l’église Catholique a été limitée et affaiblie ; et la milice est maintenant anéantie, et il devra s’écouler des années avant qu’elle reprenne vie et soit employée à de bonnes fins. Le Bas-Canada est sans institutions municipales pour son gouvernement local par la voie du peuple, qui sont le fondement de la liberté et de la civilisation Anglo-Saxonne ; et leur absence n’est compensée par rien de semblable à la centralisation de France. Les institutions judiciaires les plus défectueuses, restent sans avoir été réformées. Seul, parmi les nations qui sont sorties des Français, le Bas-Canada reste sous les lois civiles de l’ancienne France sans aucun changement. Seul, parmi les nations du continent Américain, il est sans système public d’éducation. Il n’est pas non plus sous d’autres rapports animé de l’esprit de progrès des Américains. Tandis que l’assemblée gaspillait le surplus du revenu de la province en agiotages pour augmenter son patronage, et dans de petites affaires de paroisse, elle abandonna ces vastes et faciles moyens de communication qui méritaient et qui auraient refondu les revenus provinciaux qui y auraient été dépensés. L’État de New-York a fait son propre St. Laurent depuis le lac Érié jusqu’à l’Hudson, tandis que le gouvernement du Bas-Canada ne put faire ni même tenter de faire les quelques milles de canal et de curage, qui auraient rendu ces magnifiques rivières navigables jusqu’à leurs sources. Le temps qui aurait dû être dévoué à une sage législation fut employé dans une contestation pour le pouvoir entre l’exécutif et le peuple ;