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taient les suffrages. On prétend que de telles représentations out, en plusieurs cas, assuré le retour de membres de la politique d’opposition, et l’on avance que des comtés obstinés ont été quelquefois réduits à se soumettre, par le refus complet d’allocations jusqu’à ce qu’ils élussent des membres favorables à la majorité. Quelques-uns des membres Anglais qui avaient voté avec M. Papineau s’excusèrent auprès de leurs compatriotes, en alléguant qu’ils avaient été forcés de le faire pour obtenir un chemin ou un pont, que leurs constituants désiraient. Qu’il soit vrai ou faux que l’abus ait été poussé jusqu’à ce point, c’en est un qui aurait évidemment pu l’être facilement et sûrement par une personne de l’influence de M. Papineau dans l’assemblée.

Mais la tentative la plus hardie et la plus étendue pour ériger un système de patronage entièrement indépendant du gouvernement, fut celle qui fut mise à effet, pendant quelque temps, par les octrois que l’assemblée fit pour l’éducation, d’après les dispositions d’un acte, qu’on a reproché très amèrement au conseil législatif d’avoir refusé de renouveler. On a donné comme une preuve de l’intention délibérée du conseil législatif de faire avorter toutes tentatives pour civiliser et élever la grande masse du peuple, qu’il ait ainsi arrêté à la fois l’opération, d’environ 1000 écoles, et privé d’éducation environ 40 000 écoliers qui profitaient actuellement des moyens d’éducation ainsi placés à leur portée. Mais les raisons qui induisirent, ou plutôt qui forcèrent le conseil Législatif à arrêter ce système sont clairement énoncées dans le rapport de ce corps, qui comprend la justification la plus incontrovertible de la marche qu’il a suivie. Par ce rapport il parait que la surveillance et le patronage entier de ces écoles étaient dévolus, par la loi expirée, aux membres du comté ; et qu’il leur avait été permis de régir les fonds sans même l’apparence de comptabilité suffisante. Les membres de l’assemblée avaient ainsi, dans un seul département, un patronage d’environ £25 000 par an, montant égal à la moitié de toutes les dépenses civiles ordinaires. Ils ne tardèrent pas à profiter de l’occasion ainsi placée entre leurs mains ; et comme il n’existait pas dans la province un nombre suffisant de maîtres et maîtresses d’écoles qualifiés, ils remplirent néanmoins immédiatement les places de personnes entièrement et évidemment incompétentes. Une grande partie des instituteurs ne pouvaient ni lire ni écrire. Le Monsieur que j’avais chargé de s’enquérir de l’état de l’éducation dans la province, me montra une pétition de certains maîtres d’école, laquelle était venue entre mes mains, et la majorité des signatures étaient celles de personnes qui avaient fait leur marque. Ces ignorants instituteurs ne pouvaient communiquer aucune instruction utile à leurs pupilles ; le plus qu’ils pouvaient leur montrer était leur cathéchisme par cœur. À sept milles même de Montréal, il y avait une maîtresse d’école ainsi inqualifiée. Ces nominations étaient comme on peut bien le supposer, réparties par les membres parmi leurs partisans politiques, et les fonds n’étaient pas non plus régis avec la plus grande honnêteté. Dans plusieurs cas les membres furent soupçonnés ou accusés de les détourner à leur profit et ; dans le cas de Beau-