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et s’il est consulté sur des changements dans la constitution, il parait en éprouver la sagesse en calculant si son voisinage obtiendra un plus grand nombre et de meilleurs chemins et ponts sous le système existant que sous celui qui est proposé. Si l’on examine les procédés d’une législature, on trouve que la plus grande partie de ses discussions tourne sur de pareilles questions, et si l’on regarde le budget, on trouve qu’une proportion plus grande encore de l’argent public est appliquée à ces fins. Ceux qui réfléchissent sur les circonstances du nouveau monde, n’auront pas de peine à s’expliquer l’attention qu’on y donne à ce qui est nécessairement la première affaire de la société, et naturellement le premier soin de tout gouvernement responsable. Ce qui sert à l’état en Europe à protéger les citoyens contre les ennemis étrangers, est requis en Amérique pour ce qu’un écrivain français a joliment et correctement appelé « la guerre avec les déserts. » La défense, d’une forteresse importante, ou le maintien d’une armée ou d’une marine suffisante dans des lieux exposés, n’est pas plus une affaire d’intérêt commun à l’Européen, que n’est pour le défricheur Américain la construction des grandes communications ; et l’état prend très naturellement sur lui la construction des ouvrages, qui sont des objets d’intérêt pour tous également.

Les institutions municipales des états septentrionaux de l’union Américaine n’ont pas même tout-à-fait obvié à la nécessité de quelque intervention de la part de leurs législatures pour aider les améliorations locales ; quoique les principaux efforts de ces états se sont tournés du côté de ces vastes entreprises qui sont l’intérêt commun et la gloire commune de leurs citoyens. Dans les états du sud, où les institutions municipales sont moins complètes, les législatures sont dans l’habitude de prendre part plus constamment et d’une manière plus étendue dans les ouvrages qui sont proprement de simple intérêt local ; et il en résulte de fortes plaintes contre la corruption et la maladministration qui en sont la suite. Mais dans les colonies Britanniques, dans aucune desquelles il n’y a de système efficace de gouvernement municipal, le mal a été porté à son dernier degré, et exerce l’influence la plus nuisible. Les grandes affaires de l’assemblée sont, littéralement parlant, les affaires de paroisse ; la construction de chemins et points de paroisse. Il n’y a dans aucune de ces provinces aucun corps local avec l’autorité d’imposer des cotisations locales. C’est là l’affaire de l’assemblée ; et l’affaire spéciale du membre de chaque comté est d’induire l’assemblée à s’occuper des intérêts particuliers de son comté. Le surplus du revenu de la province est grossi autant que possible, en réduisant le paiement des services publics à une échelle aussi basse que possible ; et souvent il n’est pas pourvu suffisamment aux devoirs réels du gouvernement afin qu’il en reste davantage pour être divisé parmi les corps constituants. « Lorsque nous avons besoin d’un pont, nous prenons un Juge pour le bâtir, » telle fut l’artificieuse et frappante manière dont un membre d’une législature provinciale décrivit la tendance de retrancher dans les départements les plus nécessaires au service public, pour satisfaire à la deman-