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Orateur de la politique de la majorité ; et, je le pense, il ne sera pas difficile d’imaginer le sort d’un tel système de gouvernement. Cependant tel a été le système, telle a été à la lettre la marche des événements dans le Bas-Canada, et tel a été le caractère, quoiqu’à un moindre degré, du spectacle qui a eu lieu dans le Haut-Canada, et, dans un temps ou dans un autre, dans chacune des colonies de l’Amérique Septentrionale. Pour supposer qu’un tel système pût bien y fonctionner, il faut croire que les Canadiens Français ont joui des institutions représentatives pendant un demi-siècle, sans acquérir aucun des traits caractéristiques d’un peuple libre ; que les Anglais renoncent à toute opinion et sentiment politique en entrant dans une colonie, ou que l’esprit de liberté anglo-saxon est entièrement changé et affaibli chez ceux qui traversent l’Atlantique.

Il parait donc que l’opposition de l’Assemblée au Gouvernement fut la conséquence inévitable d’un système qui retranchait à la branche populaire de la Législature les privilèges nécessaires d’un corps représentatif, et produisit par là une longue série de tentatives de la part de ce corps pour acquérir le contrôle sur l’administration de la Province. Je dis tout ceci sans référence au but final de l’Assemblée, que j’ai déjà décrit comme étant le maintien d’une nationalité Canadienne contre l’intrusion progressive de la race Anglaise. N’ayant pas de ministres responsables à attaquer, elle entra dans le système de longues enquêtes par le moyen de ses comités, lequel amena toute l’action de l’Exécutif immédiatement sous ses yeux, et outrepassa les idées que nous avons des limites convenables de l’intervention législative. N’ayant d’influence dans la nomination d’aucune fonctionnaire public, ni le pouvoir de faire destituer ceux qui lui étaient odieux pour des motifs purement politiques, et voyant presque chaque office dans la Colonie rempli par des personnes dans lesquelles elle n’avait aucune confiance, elle l’entra dans cette voie vicieuse d’attaques individuelles contre ses principaux adversaires, les disqualifiant pour le service public, en les rendant les sujets d’enquêtes et ensuite d’accusations, qui ne firent pas toujours conduites même avec l’apparence d’un égard convenable pour la justice ; et lorsque rien ne pouvait la foire parvenir à la fin de changer la politique ou la composition du Gouvernement colonial, elle avait recours à l’ultima ratio du pouvoir représentatif, à quoi l’indulgence plus prudente de la chambre des Communes en Angleterre, ne poussa jamais la Couronne, et essayait de détraquer toute la machine du Gouvernement par un refus général de subsides.