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symptômes récents de sentiments anti-catholiques dans la Nouvelle-Angleterre, et qui sont bien connus de la population canadienne, ont répandus généralement l’idée que leur religion, relativement à laquelle ils ne font aucune plainte contre les Anglais, serait peu respectée ou favorisée par les Américains. Cependant aucune de ces considérations n’a de poids contre leur haine invétérée envers les Anglais ; et je suis persuadé qu’ils achèteraient la vengeance et un moment de triomphe, par l’aide d’un ennemi quelconque au prix de la soumission à aucun joug.

Cette cessation provisoire, mais complète, de leur ancienne antipathie contre les Américains est maintenant admise même par ceux qui la niaient le plus fortement le printemps dernier, et qui maintenaient alors qu’une guerre américaine réunirait aussi complètement la population contre l’ennemi commun, qu’elle le fit en 1813. D’après l’expérience subséquente que j’ai acquise, je n’ai aucun doute que les idées que je me suis formées et que j’ai mentionnées dans ma dépêche du 9 août, sont parfaitement correctes, et qu’une armée américaine qui envahirait le pays pourrait compter sur la coopération de presque toute la population française du Bas-Canada.

Dans la dépêche ci-dessus mentionnée j’ai aussi décrit l’état d’agitation de la population anglaise, et je ne puis entretenir l’espoir que cette portion de la société sort en aucune manière portée à aucun arrangement de la présente querelle, qui laisserait quelque partie du pouvoir à la race hostile. Les circonstances ayant été les Anglais dans les rangs du gouvernement, et la folie de leurs adversaires les ayant placés, d’un autre côté, dans un état de collision permanente avec lui, les premiers possèdent l’avantage d’avoir la force du gouvernement et l’autorité des lois de leur côté dans la position actuelle de la contestation. Leurs efforts pendant les derniers troubles ont contribué à maintenir la suprématie de la loi et la connexion avec la Grande-Bretagne ; mais il serait dans mon opinion bien dangereux de se fier sur la continuation des mêmes sentiments, dans le cas où le gouvernement impérial adopterait un système différent. En effet le sentiment qui prévaut parmi eux est bien loin d’être qu’ils sont satisfaits du système qui a depuis longtemps été suivi à l’égard du Bas-Canada par la législature et l’exécutif d’Angleterre. Le point de vue le plus calme que des spectateurs éloignés peuvent prendre de la conduite des deux partis et la disposition que l’on montre de régler avec justice les réclamations réciproques paraissent iniques et injurieuses aux yeux d’hommes qui croient qu’eux seuls ont des droits aux faveurs du gouvernement qu’ils ont seuls défendu. Ils se plaignent hautement et amèrement du système entier suivi par le gouvernement impérial, à l’égard de la querelle entre les deux races, comme ayant été fondé sur une ignorance complète ou une entière indifférence sur la question réelle ; comme ayant nourri les prétentions pernicieuses d’une nationalité française, et comme ayant, par la vacillation et l’inconsistance qui y ont présidé, découragé la loyauté et fomenté la rébellion. Ils regardent avec jalousie toute mesure de clémence ou même de justice envers leurs adversaires, comme indiquant une disposition