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établir des Banques, construire des chemins de fer et des canaux et obtenir les pouvoirs nécessaires pour effectuer ces entreprises avec ses capitaux. Et comme la chose la plus essentielle pour l’amélioration du pays, elle désirera qu’une grande partie du revenu fût employée à compléter cette grande chaîne de travaux publics, aux moyens desquels on projetait de rendre le Saint-Laurent et l’Outaouais navigables dans toute leur étendue.

Sans aller aussi loin que d’accuser l’assemblée d’un dessein prémédité d’entraver l’établissement et l’amélioration du Bas-Canada, on ne peut nier qu’elle voyait avec jalousie et défiance l’augmentation et la prospérité d’une race qu’elle regardait comme étrangère et ennemie ; elle regardait la Province comme le patrimoine du peuple de son origine, comme un pays, non pas à établir, mais comme déjà établi ; et au lieu de législater d’après l’esprit Américain, et de pouvoir d’abord pour la population future du pays, son objet principal fut, conformément à l’esprit de la législation qui prévaut dans l’ancien monde, de mettre en sûreté et de conserver les intérêts et les sentimens des anciens colons, auxquels elle considérait les nouveaux venus comme subordonnés ; elle refusa de charger le pays de nouvelles taxes pour subvenir aux dépenses des améliorations requises, et refusa aussi d’appliquer à cet objet les fonds déjà destinés à d’autres fins. L’amélioration du Port de Montréal a été suspendue par suite d’antipathies politiques contre un des premiers marchands anglais qui avait été le plus actif des commissaires, et aux soins duquel le plus admirable succès était dû. Il est juste de dire que quelques-uns des travaux autorisés et encouragés par l’assemblée furent entrepris sur une échelle sage et modérée, et terminés et mis en opération d’une manière satisfaisante. Quant à d’autres, comme les grandes voies de communications dont j’ai parlé plus haut, l’assemblée montra une grande répugnance à les encourager ou même à les permettre. Il est vrai qu’elle avait des objections bien fondées contre le plan sur lequel la législature du Haut-Canada avait commencé ces travaux, et contre la manière dont on s’y était pris, mais les Anglais se plaignaient que l’assemblée, au lieu de profiter de l’expérience qu’elle aurait pu tirer de là, ne semblait profiter de ces objections que comme d’un prétexte pour ne rien faire. Les applications pour des banques, chemins de fer et canaux furent mise de côté jusqu’à ce que des mesures générales eussent été adoptées par rapport à ces entreprises, mais ces mesures générales ainsi promises ne vinrent jamais, et les entreprises particulières furent paralysées. L’établissement de bureaux d’enregistrement fut refusé sur le motif prétendu de leur