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semblée et le Gouvernement avaient depuis longtemps donné lien à des attaques, de la part des partisans populaires, contre la nation à laquelle appartenait ce Gouvernement. L’on dit que les appels à l’orgueil national des Français et à leurs animosités devinrent plus directs et plus généraux lors du projet manqué d’unir le Haut et le Bas-Canada, en 1822 ; projet que les meneurs de l’assemblée envisagèrent ou représentèrent comme une attaque dirigée contre les institutions de leur pays. Les sentimens haineux des Anglais furent aigrie par les dénonciations que, subséquemment à cette époque, ils furent dans l’habitude d’entendre faire contre eux. Ils avaient, sans doute, quelque sympathie pour les membres du gouvernement provincial de leur origine ; et leurs sentiments d’attachement pour la connexion de la Colonie avec la Grande-Bretagne n’en furent que plus excités par les procédés de l’assemblée, qui semblaient devoir mettre en danger cette connexion. Mais les abus du Gouvernement colonial donnaient tant de motifs à l’opposition, que les représentants des deux races continuèrent pendant longtemps à se réunir contre le système existant.

Et comme la masse de la population anglaise, fixée dans les Townships et sur les bords de l’Outaouais n’avait que peu de rapports personnels avec la population française, je suis porté à croire que cela aurait pu durer plus longtemps, jusqu’à ce que les distinctions nationales eussent pris un caractère de gravité supérieure à toutes autres considérations, si l’assemblée ne se fut mise en collision avec toute la population anglaise par son système d’améliorations intérieures, et par sa politique relativement aux lois surannées et défectueuses du pays, lesquelles gênaient les aliénations foncières, et la formation des associations commerciales.

La population anglaise, composée d’émigrés entreprenants, regardaient les Provinces américaines comme un vaste champ d’exploitation et de commerce, et conformément aux idées communes des Anglo-Saxons de ce continent, elle pensait que le devoir principal du gouvernement était de promouvoir par tous les moyens législatifs et administratifs possibles, l’augmentation de la population et l’accumulation de la propriété ; elle trouva les lois concernant la propriété extrêmement gênantes pour les aliénations, qui, dans un pays nouveau, sont absolument nécessaire aux défrichements et aux améliorations ; elle trouva les communications intérieures dans le plus déplorable état, et le manque d’institutions locales et municipales lui rendait nécessaire de s’adresser à l’assemblée pour chaque chemin, pont ou autre ouvrage public dont on avait besoin ; elle désira former des compagnies pour