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vivement l’accroissement d’une classe d’étrangers qui parraissaient devoir concentrer entre leurs mains les richesses du pays, et dont le faste et l’influence éclipsaient ceux qui avaient ci-devant occupé le premier rang dans le pays. Les progrès de l’intrusion anglaise ne se sont pas seulement bornés au commerce. Par degrés, ils ont acquis de grandes étendues de terres ; et ne se sont pas bornée à acquérir les propriétés incultes et éloignées des Townships. Le riche capitaliste a employé son argent à l’acquisition de propriétés seigneuriales ; et l’on estime qu’aujourd’hui la bonne moitié des meilleurs seigneuries appartient à des propriétaires anglais. La tenure seigneuriale est si opposée à nos notions de droit de propriété, que le nouveau seigneur, sans vouloir, sans songer à faire une injustice, a en quelques occasions exercé ses droits d’une manière qui paraîtrait tout-à-fait juste dans ce pays-ci, mais que l’habitant canadien regarde avec raison comme oppressive. L’acquéreur anglais avait également raison de se plaindre de l’incertitude inattendue des lois qui rendaient ses droits de propriété précaires et des effets de ce système de tenure qui rendent les aliénations ou les améliorations difficiles. Mais une cause d’excitation plus grande que celle de la mutation des grandes propriétés a surgi de la compétition du cultivateur anglais avec le cultivateur français. Le cultivateur anglais a emporté avec lui l’expérience et les usages du système d’agriculture le plus perfectionné qu’il y ait au monde. Il s’est établi dans les Townships qui avoisinent les seigneuries, et cultivant un sol nouveau d’après des procédés améliorés, il a soutenu une concurrence avantageuse contre le sol usé et la routine de cultivateur canadien. Il s’est même quelquefois établi sur la ferme que le Canadien avait abandonnée, et a par son industrie trouvé des sources de fortune là où son prédécesseur s’était appauvri. L’ascendant qu’un injuste favoritisme a contribué à donner aux Anglais dans le gouvernement et le judiciaire, ils se sont assurés par leur énergie supérieure, leur adresse et leurs capitaux dans toutes les branches d’industrie. Ils ont développé les ressources du pays, ils ont construit ou amélioré les moyens de communication, ils ont créé le commerce intérieur et extérieur. Tout le commerce en gros, une grande partie du commerce de détail, les fermes les plus profitables et les plus florissantes sont maintenant entre les mains de cette minorité numérique de la Province.

Dans le Bas-Canada, la classe ouvrière vivant de gages, quoique comparativement considérable pour le continent Américain,