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cace contre le retour d’un grand nombre des maux existants. Si je m’était mépris dans mon calcul des proportions auxquelles les amis et les ennemis de la connexion britannique se rencontreraient dans la Législature, l’émigration d’une seule année pourrait rétablir la balance. C’est par un bon système de colonisation que nous pouvons rendre ces vastes régions profitables au peuple britannique. La mal-administration qui a jusqu’ici gaspillé les ressources de nos colonies, a produit, je le sais, dans l’esprit public, une trop forte disposition à les regarder comme une source de corruption et de perte, et à entretenir, avec trop de complaisance, l’idée de les abandonner comme inutiles. Je ne puis partager l’idée qu’il est, soit de la prudence, soit de l’honneur, d’abandonner nos compatriotes, lorsque notre manière de les gouverner les a jetés dans le trouble, ou notre territoire, lorsque nous découvrons que nous n’en avons pas retiré de profit. On devrait au moins tenter l’expérience de garder nos colonies et de les bien gouverner, avant d’abandonner pour toujours les vastes domaines qui pourraient subvenir aux besoins du surplus de notre population, et procurer des millions de nouveaux consommateurs aux produits de nos manufactures, et de producteurs des approvisionnements propres à nos besoins.

Les plus chauds admirateurs, et les adversaires les plus déterminés des institutions républicaines, admettent ou avancent que la prospérité merveilleuse des États-Unis, est moins due à la forme de leur gouvernement qu’à l’abondance illimitée de terres fertiles, qui maintiennent les générations successives dans une affluence toujours égale de sol fertile. Une région aussi étendue et aussi fertile est ouverte aux sujets de votre Majesté dans les possessions Américaines de votre Majesté. Les améliorations récentes dans les moyens de communication rendront sous peu de temps, les terres inoccupées du Canada et du Nouveau-Brunswick d’un accès aussi facile aux Isles Britanniques, que le sont les territoires d’Iowa et le Wisconsin à cette émigration incessante qui laisse annuellement la Nouvelle-Angleterre pour le Far West.

Je ne vois donc aucune raison pour douter qu’avec un bon gouvernement, et l’adoption d’un bon système de colonisation, les possessions Britanniques de l’Amérique Septentrionale ne puissent servir ainsi à procurer aux classes souffrantes de la mère-patrie plusieurs des avantages qu’on a supposés être, jusqu’à présent, particulière à l’état social du nouveau monde.

En conclusion, je dois insister auprès des aviseurs de votre Majesté, et du Parlement Impérial, sur la nécessité d’un arrangement prompt et décisif de cette importante question, non seulement à raison de l’étendue et de la variété d’intérêts, embrassant le bien-être et la sécurité de l’empire Britannique, que chaque heure de délai met en danger, mais aussi à cause de l’état de l’esprit public dans toutes les possessions de votre Majesté dans l’Amérique Septentrionale, et surtout dans les deux Canadas.

Dans les diverses dépêches adressées au Secrétaire d’état de votre Majesté, j’ai donné une simple description de cet état des esprits, selon les manifestation que je trouvai qu’en donnaient toutes les classes et tous