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l’Océan ? Est-il à supposer qu’une telle population Anglaise se soumettre jamais à un pareil sacrifice de ces intérêts ?

Il ne faut pas, cependant, que je suppose la possibilité que le gouvernement Anglais adopte la marche de mettre ou de permettre aucun obstacle au cours de l’immigration Anglaise dans le Bas-Canada, ou à l’emploi profitable des capitaux Anglais qui y sont déjà employés. Les Anglais ont déjà entre leurs mains la majorité des grandes masses des propriétés du pays ; ils ont de leur côté une supériorité d’intelligence décidée ; ils ont la certitude que la colonisation doit porter leur nombre jusqu’à une majorité ; et ils appartiennent à la race qui tient le gouvernement impérial, et qui prédomine sur le continent Américain. Si nous les laissons maintenant dans une minorité, ils n’abandonneront jamais l’assurance de devenir une majorité ci-après et ne cesseront jamais de continuer la présente contestation avec toute la fureur qui la caractérise aujourd’hui. Dans une pareille contestation ils comptèrent sur la sympathie de leurs compatriotes en Angleterre ; et si elle leur est refusée, ils sont assurés du pouvoir réveiller celle de leurs voisins de même origine qu’eux. Ils sentent que si le gouvernement britannique entend maintenir son autorité dans les Canadas, il ne peut compter que sur la population Anglaise ; que, s’il abandonne ses possessions coloniales, ils devront devenir une partie de cette grande union qui enverra bientôt ses essaims de colon, et qui, par la force du nombre et de l’activité, l’emportera bientôt sur toute autre race. Les Canadiens Français d’un autre côté ne sont que les restes d’une ancienne colonisation, et sont et devront toujours être isolés au milieu d’un monde Anglo-Saxon. Quoiqu’il arrive, quelque gouvernement qui règne sur eux, Britannique ou Américain, ils ne peuvent avoir aucune espérance pour leur nationalité. Ils ne peuvent jamais se séparer de l’empire britannique qu’en attendant que quelque grande cause de désaffection les sépare eux et les autre colonies environnantes, et les laisse partie d’une confédération Anglaise ou, s’ils en sont capables, en effectuant une séparation seuls, et ainsi se réunir à l’Union Américaine, ou maintenir pendant quelques années un misérable semblant de faible indépendance, qui les exposerait plus que jamais à l’intrusion de la population environnante. Je suis loin de désirer d’encourager indistinctement ces prétentions à la supériorité de la part d’aucune race particulière ; mais tant que la plus grande partie de chaque portion du continent Américain sera indéfrichée et inoccupée, et tant que les Anglais montreront une activité si constante et si marquée pour la colonisation, il ne faut pas penser qu’il y ait aucune partie de ce continent où cette race ne pénétrera pas, et où elle ne prédominera pas, lorsqu’elle y aura pénétré. Ce n’est qu’une question de temps et de mode — il ne s’agit que de décider si le petit nombre de Français qui habitent maintenant le Bas-Canada seront anglifiés sous un gouvernement qui peut les protéger, ou si cette opération sera retardée jusqu’à ce qu’un beaucoup plus grand nombre auront à subir des mains rudes de rivaux sans contrôle l’extinction d’une nationalité renforcée et aigrie par une existence prolongée.