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diminution dans l’emploi des capitaux maintenant dans la Province, et l’état stationnaire de la population du côté de l’immigration. Mais dans le Haut-Canada, il s’est fait une soustraction très considérable d’hommes et de capitaux. J’ai reçu, des sources les plus respectables, des rapports d’une émigration très nombreuse de tous les Western et London Districts. Il a été dit par des personnes qui en ont été témoins, que les gens avaient pendant longtemps journellement passé en grands nombres d’Amherstburg et de Sandwich au Détroit ; et je tiens d’une personne très respectable qu’elle avait vu dans un des districts que j’ai mentionnés pas moins de 15 ferries de suite vacantes sur le côté du chemin. Un corps de réformistes ont avoué de la manière la plus ouverte, leur intention d’émigrer par des motifs politiques, et ont invité publiquement tous ceux qui seraient mus par les mêmes sentiments de les joindre dans leur entreprise. Pour cela on a formé la Société d’Émigration du Mississippi dans la vue de faciliter l’émigration du Haut-Canada au nouveau territoire de l’Union, appelé Iowa, sur la rive Ouest du Haut Mississippi. Le prospectus de l’entreprise, et le rapport des députés qui furent envoyés pour examiner le pays en question, ont été publiés dans les Journaux publics, et les réformistes ont vanté les avantages de la nouvelle colonie, qui ont été dépréciés par les amis du Gouvernement. Le nombre de ceux qui ont ainsi émigré n’est pas cependant, j’ai lieu de le croire, aussi considérable qu’on l’a souvent représenté.

Un bon nombre de ceux qui seraient disposés à prendre ce parti ne peuvent vendre leurs terres avec avantage ; et quelques-uns, se reposant sur la facilité avec laquelle on obtient des terres aux États-Unis, se soient contentés de partir seulement avec leurs bestiaux et leurs meubles, il y en a d’autres qui ne peuvent pas à la fin faire le sacrifice qu’entraînerait une vente forcée, et qui continuent, même dans leur état actuel d’alarme, à conserver l’espérance de meilleurs temps. Dans les districts qui bordent le St. Laurent, il est résulté peu de chose de la détermination d’émigrer dont on a parlé si hautement pendant un temps. Et l’on dit même que quelques-uns de ceux qui avaient laissé le pays sont revenus. Mais les instances qui sont venues à ma connaissance me portent à attacher même plus d’importance à la classe qu’au nombre allégué des émigrés ; et je ne suis pas du tout de l’avis de quelques-uns du parti dominant, qui pensent que ceux qui laissant ainsi le pays sont des sujets désaffectionnés, dont l’éloignement est d’un grand avantage pour les gens loyaux et paisibles. Dans un pays comme le Haut-Canada, où le premier besoin pour sa