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voir résulter du bien de la connexion Britannique. Je ne veux pas dire qu’ils renouvelleront la rébellion ; encore moins m’imagine-je qu’ils se combineront en nombre si formidable, qu’ils pourront arracher le gouvernement de leur pays aux grandes forces militaires que la Grande-Bretagne pourra employer contre eux. S’ils sont maintenant frustrés dans leur attente, et tenu dans une soumission sans espoir à des gouvernements non responsables au peuple, ils se contenteront, pour le moins, d’attendre dans une morne prudence les événements qui pourront faire dépendre la conservation de la province de la loyauté dévouée de la grande masse de sa population.

Quant aux autres provinces de l’Amérique Septentrionale, je ne parlerai pas de ces maux comme étant imminents, parce que je crois fermement que quelque mécontentement qui puisse y régner, il n’y existe aucune irritation de nature à affaiblir le fort sentiment d’attachement qu’ils ont envers la couronne et l’empire britanniques. En vérité, dans toutes les provinces de l’Amérique Septentrionale il règne parmi la population britannique une affection pour la mère-patrie, et une préférence pour ses institutions dont une politique sage et ferme de la part du gouvernement impérial peut faire le fondement d’une connexion sûre, honorable et durable. Mais ce sentiment même peut s’affaiblir, et je dois avertir ceux qui ont leurs destinées entre les mains, qu’ils ne doivent pas se fier trop aveuglement sur la loyauté toute-endurante de mes compatriotes. Il n’est pas politique de gaspiller et gêner leurs ressources, et de laisser l’état arriéré des provinces britanniques présenter partout un triste contraste avec les progrès et la prospérité des États-Unis. Dans tout le cours des pages qui précèdent j’ai eu constamment occasion de référer à ce contraste. Je n’ai pas hésité à le faire quoique rien ne puisse plus profondément blesser le juste orgueil national de tout homme, et son ferme attachement à ses institutions, que l’admission mortifiante d’infériorité. Mais je remplirais mal mon devoir envers votre majesté, je ne donnerais qu’une vue imparfaite de la condition réelle de ces provinces, si je me bornais à détailler de simples faits statistiques, sans décrire les sentiments qu’ils engendrent dans ceux qui les observent journellement, et qui journellement en éprouvent l’influence sur leurs propres fortunes. Le contraste que j’ai décrit est le thème de tous les voyageurs qui visitent ces pays, et qui observent d’un côté de la ligne l’abondance, et de l’autre côté la paucité de tous les signes de prospérité matérielle qu’indiquent une agriculture prospéra et des cités florissantes, et de cette civilisation dont les écoles et les églises rendent témoignage, même aux sens extérieurs. Tandis qu’il excite l’exaltation des ennemis des institutions britanniques, la réalité en est plus fortement démontrée par l’admission qu’en font à contre-cœur les sujets les plus attachés de votre Majesté. Ce n’est pas une vrai loyauté que de cacher à votre majesté l’existence d’un mal qu’il est au pouvoir de votre Majesté de guérir, comme c’est le plaisir bienveillant de votre majesté de le faire ; car