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passagers, ils ne sont pas pires que les moyens que l’on emploie pour l’aise et le confort des émigrés à leur arrivée dans les colonies. On pourrait dire en vérité qu’il n’a réellement rien été pourvu à cet effet. L’on verra par le maigre témoignage de l’agent des émigrés à Québec, que la situation qu’il tient est presque inutile. Je ne blâme nullement cet officier, mais je dirai seulement qu’il n’a aucun pouvoir ni aucun devoir à remplir. Presque tout ce qui est fait dans l’intérêt des émigrés, après qu’ils ont passés le lazaret, se fait par les sociétés des émigrés de Québec et de Montréal : Associations bienveillantes dont je dois parler dans les termes les plus avantageux. Nous devons en réalité à ces Sociétés toutes les améliorations qui ont été faites pour les passagers mais comme elles ont été formées dans le but seulement de soulager les citoyens des deux villes, et pour prévenir le spectacle d’une foule d’émigrés sans emploi et manquant de pain, leurs efforts n’ont pu avoir pour résultat que de faciliter le voyage des émigrés aux États-Unis, où les gens industrieux de toutes les classes, sont toujours certains de trouver de l’emploi et de bons gages. Dans le rapport sur l’émigration auquel j’ai déjà fait allusion, je trouve que l’on recommande de donner de préférence à des sociétés charitables une partie de ce qui concerne la conduite de l’émigration plutôt que d’employer les officiers des départements ordinaires du gouvernement. Je me crois obligé d’exprimer ma désapprobation entière de ce plan. Je puis à peine concevoir, qu’aucun devoir soit plus obligatoire pour le gouvernement que celui de prévenir un choix peu convenable d’émigrants, et d’assurer aux pauvres disposés a émigrer, toutes les facilités et l’assistance possible, à compter du moment où ils se décident à abandonner leur pays jusqu’à celui de leur établissement dans les colonies. Ce devoir est d’autant plus d’obligation pour le gouvernement, qu’il invite maintenant chaque année par centaines et par milliers les pauvres à émigrer. Il serait en vérité bien malheureux que le gouvernement allât ôter aux émigrés l’idée de ne point compter sur eux-mêmes, en faisant tout pour eux ; mais lorsque l’état conduit de grands nombres de gens dans une situation où il leur est impossible de réussir sans assistance, alors commence l’obligation de les assister ; et elle ne s’éteint point dans mon humble opinion, jusqu’à ce que ceux qui ont compté sur la foi et le soin paternel du gouvernement soient placés dans une position à se pourvoir par eux-mêmes. On peut voir par le témoignage suivant le peu d’égards qu’on a eu pour cette obligation, quant à ce qui se rapporte à l’é-