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ports que me font la classe des capitaines qui amènent des passagers, et des chirurgiens qui sont à bord, sont tels qu’on ne peut pas s’y fier. Je prie qu’il me soit permis de citer un cas qui est arrivé l’an dernier.

Un vaisseau venant d’un port d’Irlande avec 150 passagers, le capitaine m’assura qu’il n’y avait eu aucune maladie dans le voyage ; et le Chirurgien me montra une liste, par lui signée, de certains petits dérangements, tels que dérangements de boyaux et fluxions qui avaient eu lieu dans le cours du voyage, et qui paraissaient sur la liste, avec la remarque, « guéri, » au bas de chaque nom. En faisant la visite ordinaire, je trouvai et j’envoyai à l’hôpital plus de 40 cas de fièvre typhoïde, qui n’avaient pas été capables de monter sur le pont et dont neuf étaient au lit dans la cale. Plusieurs avaient été amenés sur le pont, avec des morceaux de pain et des patates chaudes dans leurs mains, pour faire croire qu’ils étaient en bonne santé. Comme il existe un grand nombre de capitaines des plus respectables, un choix convenable par les agents des émigrés en Europe, préviendrait ces abus. Cette partie de l’acte qui pourvoit à ce qu’il y ait des médecins à bord, est aussi éludée. La majorité de ceux qui se donnent comme médecins, sont des étudiants ou des apprentis apothicaires dépourvus des connaissances médicales suffisantes pour être utiles aux émigrés, soit pour prévenir, soit pour guérir les maladies. La connaissance des moyens de prévenir la maladie abord d’un vaisseau est ce qui est principalement requis d’un médecin, connaissances qui manquent généralement à ceux que l’on trouve dans les vaisseaux. Ils ne sont non plus pas plus capables de guérir les maladies. Je fus à bord d’un vaisseau l’an dernier, dont le capitaine et trois passagers avaient les membres en bandage, pour une prétendue fracture, qu’âpres avoir examiné je trouvai être de simples meurtrissures. En examinant le bras du capitaine, j’observai qu’il n’y avait eu aucune fracture ; celui qui à bord se donnait comme le chirurgien répliqua : — « Je vous assure que le tibia et le fistula sont l’un et l’autre cassés. » Tout le monde sait que le tibia et fistula sont des os de la jambe. Ceci est un cas extrême, en apparence ; mais ce n’est pas un exemple forcé de l’ignorance et de la présomption de cette classe d’hommes que l’on emploie pour rencontrer les vues de la loi, qui a pour objet de pourvoir aux soins médicaux des passagers dans leur voyage. »

Le rapport de l’agent-général qui a été mis devant le Parlement l’an dernier, ne mentionne pas même un autre trait de notre système d’émigration, sur lequel j’ai encore des remarques à faire. Quelque défectueux que soient les arrangements actuels pour les