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voir de dire qu’il en a rempli les devoirs avec une grande habileté et une diligence exemplaire. Il n’a pas offert de lui-même les informations qu’il a données. Il fut requis de donner son témoignage devant les Commissaires d’Enquête sur les terres de la Couronne et l’émigration ; et ce fut en réponse à des questions à lui soumises qu’il dit : « j’ai été attaché à la station de la Grosse-Isle pendant ces six dernières années. Ma description s’applique jusqu’à la présente année. Nous avons eu l’armée dernière au-dessus de 32 000 émigrés. La classe la plus pauvre des Irlandais, et les paupers Anglais expédiés par les paroisses, étaient à l’arrivée des vaisseaux en plusieurs occasions, entièrement sans provisions, si bien qu’il était nécessaire de leur envoyer immédiatement des aliments de dessus l’Isle ; et quelques-uns de ces vaisseaux avaient déjà reçu de la nourriture et de l’eau d’autres vaisseaux qu’ils avaient rencontrés en route. D’autres bâtiments, chargés d’émigrés de la même classe, n’étaient pas tout-à-fait dénués de tout, mais avaient souffert beaucoup de privations, ayant été retranchés à une mince ration. Ce manque, ou cette insuffisance de provisions, combiné avec la malpropreté et une mauvaise ventilation, produisait invariablement des fièvres d’une nature contagieuse, et occasionnait plusieurs cas de mort, durant le passage ; et l’on admettait à l’hôpital immédiatement après leur arrivée d’à bord de ces vaisseaux un nombre variant de 20 à 90 malades attaqués de fièvres contagieuses par chaque vaisseau. J’attribue tout ce mal à la défectuosité des arrangements ; par exemple, les émigrés des paroisses d’Angleterre reçoivent des rations de biscuit et de bœuf, ou de porc, souvent de mauvaise qualité (je connais ceci par ma propre inspection) ; ils sont incapables à cause du mal de mer de se servir de ces aliments solides au commencement du passage, tandis que le manque de fournitures légères, tels que le thé, le sucre, le café, le gruau et la fleur, les jette dans un état de débilité et de découragement, qui les rend incapables des efforts nécessaires à la propreté et à l’exercice et les indispose aussi contre une nourriture solide, particulièrement les femmes et les enfants ; et à leur arrivée ici, je trouve plusieurs cas de fièvre typhoïde parmi eux…

… « Je désire aussi mentionner, un système d’extortion, qui demande hautement remède, système mis en pratique par les maîtres de vaisseaux, principalement d’Irlande, d’où vient la plus grande partie de nos émigrés. Le Capitaine dit aux émigrants que le passage se fait en trois semaines ou un mois, et qu’ils n’ont pas besoin d’emporter des provisions pour plus long-temps, quoiqu’il cache bien que le passage ordinaire est de six semaines, et souvent