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pleinement exprimés dans les témoignages de Mr. Lelacheur, de Mr. le Solliciteur-Général Hodgson, et du Gouverneur Sir Charles Fitzroy. Je puis ajouter que leur témoignage a été confirmé par ceux des délégués de l’Isle, qui me rendirent visite durant mon séjour à Québec.

Dans l’énumération des faits ci-dessus, je n’ai pas voulu épuiser le long catalogue des maux et des abus qui sont parvenus à ma connaissance. Mais j’en ai assez dit, je crois, pour établir que l’octroi des terres dans un nouveau pays influe plus sur la prospérité du peuple qu’aucune autre branche du gouvernement ; et de plus, pour prouver que les maux actuels qui ont été occasionnés par la mauvaise administration de ce département, sont si généraux, qu’ils exigent qu’un remède étendu et effectif, soit administré dans toutes les Colonies, avant qu’on puisse espérer un bon résultat d’aucune réforme purement politique.

Je procède maintenant à un autre sujet, qui quoiqu’il ne soit pas immédiatement lié avec la colonisation ou l’amélioration des provinces, doit néanmoins être séparément pris en considération ; car c’est un sujet sur lequel non seulement la population coloniale, mais encore le peuple du Royaume-Uni a un profond intérêt. Je fais allusion à la manière dont s’est ci-devant faite l’émigration de la classe la plus pauvre, de la Grande-Bretagne et d’Irlande, aux Colonies de l’Amérique du Nord.

Il y a environ neuf années que l’on prit pour la première fois des moyens de s’assurer du nombre des émigrés qui arrivaient à Québec par la mer. Pendant ces 9 années le nombre a été de 263 089, et dans une seule année (1832) le nombre a été de 51 746 ; l’année précédente le nombre fut de 50 254 ; en 1833, 21 752 ; en 1834, 30 935 ; en 1835, 12 527 ; en 1836, 27 728 ; en 1837, 22 500 ; en 1838, seulement 4992. Cette grande diminution en 1838 est entièrement due aux craintes vagues entretenues sur les dangers que présentait l’état du Canada. Je suis cependant vraiment surpris, que l’émigration en Canada, de la classe la plus pauvre, n’ait pas entièrement cessé depuis quelques années, ce qui serait certainement arrivé, si les faits que je vais rapporter avaient généralement été connus dans le Royaume-Uni.

Le Dr. Morrin, un monsieur d’un haut caractère, personnel et professionnel, Médecin-Inspecteur du port de Québec, et commissaire de l’hôpital de Marine et des Émigrés, dit : — « Je manque presque d’expressions pour décrire l’état dans lequel les émigrés arrivent fréquemment à peu d’exceptions près ; l’état des vaisseaux est abominable ; et c’est si bien le cas, que les chaloupiers