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ses avantages naturels, elle aurait pu être le grenier des colonies Britanniques, et au lieu de supporter à peine une population pauvre et sans industrie de 40 000 âmes, ses seules ressources agricoles, auraient, selon le Major Head, maintenu dans l’abondance une population d’au moins décuple de ce nombre. De 1 400 000 acres de terre que comprend cette Isle, il n’y en a que 10 000, dit-on, qui sont impropres à la culture. Il n’y en a que 100 000, maintenant en culture. Personne ne peut se méprendre sur la cause sur cette déplorable perte des moyens de richesse nationale. C’est la possession de presque tout le sol de l’Île par des propriétaires absentistes, qui n’avançaient ni ne permettaient la culture des terres, jointe au gouvernement défectueux qui causa d’abord le mal et l’a perpétué depuis. Le remède législatif simple à tout ce mal ayant été suggéré par trois secrétaires d’État successifs, fut le sujet, d’un acte de la législature locale, qui fut réservé à l’assentiment royal, et l’influence des propriétaires à Londres fut telle que cet assentiment fut retenu pendant longtemps. La question me fut référée pendant mon séjour en Canada ; et je crois que je puis ma flatter d’attribuer à la recommandation que je donnai, d’accord avec les pressantes représentations du lieutenant-gouverneur Sir Charles Harvey, l’adoption à la fin d’une mesure destinée à faire disparaître l’abus qui a si longtemps retardé la prospérité de cette colonie.

La condition actuelle de ces colonies ne présente aucun de ces traits alarmante qui marquent l’État des deux Canadas. La loyauté et l’attachement envers la mère-patrie qui animent leurs habitants sont des sentiments chaleureux et universels. Mais leurs ressources amples et variées sont peu exploitées ; leur mince population présente, presque partout, un aspect de pauvreté, d’arrièrement et de stagnation ; et partout où l’on aperçoit un meilleur état de choses, l’avancement est généralement dû à l’émigration des colons ou capitalistes Américains. Le Major Head décrit son tour dans une grande partie de la Nouvelle-Écosse comme présentant le spectacle de la moitié des établissement abandonner et de terres s’en allant partout en ruines, « et les terres, » nous dit-il, qui furent achetées il y a trente ou quarante ans, à 5s. l’acre, sont maintenant offertes à 3s. Les habitans de l’Isle du Prince Édouard, « dit-il, » se laissent enlever d’entre les mains par les Américains toutes les précieuses pêcheries, et cela purement faute de capitaux pour y employer leur propre population. Le pays sur la noble rivière St. Jean, rapporte-t-il « possède tout ce qu’il faut, excepté cette animation des affaires qui