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si frappante de progrès et de richesse entre le Haut-Canada et les états voisins de l’Union. Je dois aussi observer que ces maux frappent principalement cette portion du peuple qui est composée d’émigrés bretons, et qui n’ont eu aucune part aux causes auxquelles on peut les attribuer. Les Canadiens natifs, habitant généralement les districts les plus populeux de la province, propriétaires de presque toutes les terres incultes, et ayant eu presque exclusivement l’appropriation de tous les fonds publics, ont dû être exempts des maux auxquels nous avons fait allusion, et même ont dû avoir profité des causes qui leur ont donné naissance. Le nombre de ceux qui ont ainsi fait leur profit, est néanmoins, comparativement petit ; la majorité de cette classe, en commun avec la population émigrée, a souffert de cette dépréciation générale, et a participé au mécontentement et à l’agitation produits par cette dépréciation.

Un autre sujet encore plus difficile à régler est le désir existant qu’ont les habitants du Canada de se servir du port de New-York, comme d’un port d’entrée. Les impôts sur les marchandises venant des États-Unis, de quelque nature qu’elles soient, ou de quelque endroit qu’elles viennent sont actuellement tels que les Importeurs sont forcés de recevoir les marchandises par le St. Laurent, dont la navigation ne s’ouvre généralement que plusieurs semaines après le temps auquel on pourrait recevoir des marchandises, dans toute la partie du Haut-Canada, qui avoisine le Lac Ontario, par la voie d’Oswego. Le marchand, doit donc, se soumettre à ce délai injurieux à son commerce, ou se procurer ses marchandises en automne et laisser ainsi dormir ses capitaux pendant six mois de l’année. Toutes ces raisons doivent avoir l’effet de diminuer le trafic en diminuant la quantité, ou en augmentant le prix de tout ce qui est nécessaire ; et ce mal est encore sérieusement augmenté par le monopole qui, d’après le système actuel, est exercé par ce que l’on appelle Forwarders sur le St. Laurent et le Canal du Rideau. Si les marchandises pouvaient être embarquées en Angleterre pour être débarquées à New-York en transit, et étaient admises dans le Haut-Canada libres d’impôts, sur la production d’un certificat de l’Officier des Douanes du port Anglais où elles auraient été embarquées, on obvierait à cet inconvénient et le peuple de la province profiterait de sa connexion avec l’Angleterre, par le bon marché de ses marchandises, sans les payer aussi cher qu’il le fait actuellement.

Cependant le commerce du pays est un sujet qui paraît demander notre attention parce qu’aussi longtemps que les Américains jouiront d’avantages aussi marqués et aussi frappants sous ce rap-