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Société qui avait été sanctionnée par le Gouverneur, selon leur opinion, à cause de ses tendances politiques, n’excitât au sein des deux classes un profond sentiment d’indignation, et n’augmentât sérieusement la méfiance qui existait envers le gouvernement.

En addition à l’irritation créée par la position des partis, par les causes particulières de querelles auxquelles j’ai fait allusion et par les actes du gouvernement de la Colonie qui privent le peuple de tous les moyens de parvenir à un arrangement des disputes qui avaient agité le pays et de redresser les abus existants dans les institutions et dans l’administration de le Province, il existe des causes permanentes, de mécontentement, résultant de l’opposition que l’on fait aux progrès industriels. Il n’existe aucun moyen de développer les ressources du pays, et de promouvoir et de maintenir la civilisation du peuple. L’administration générale de la justice, il est vrai, paraît être préférable dans le Haut à celle qui règne dans le Bas-Canada. Elle y est portée à la porte de chacun, par un système de circuits et il existe encore de l’honnêteté dans les Jurys. Mais il y a des plaintes universelles contre la réunion des fonctions politiques et judiciaires dans la personne du Juge-en-Chef, non parce-que l’on soupçonne la manière dont ce Juge s’acquitte de ses devoirs, maie à cause des raisons de parti sur lesquelles on suppose qu’est basée la nomination de ses subordonnés, et à cause des dispositions factieuses qui leur sont attribuées. On fait aussi des plaintes semblables à celles que j’ai déjà mentionnées dans le Bas-Canada, contre le mode suivi pour nommer les Shérifs. On prétend qu’ils sont choisis exclusivement parmi les amis et les hommes dépendants du parti dominant ; que l’on n’exige d’eux que des garanties bien insuffisantes, et que le montant des sommes provenantes des exécutions et ventes, que l’on représente comme malheureusement très considérable dans cette province, reste dans leurs mains pour une année au moins. Pour des raisons aussi que j’ai spécifiées dans mon rapport sur le Bas-Canada, la composition de la magistrature parait être une cause sérieuse de troubles et de mécontentements.

Mais indépendamment de ces sources de plaintes, il y a encore les empêchements que j’ai mentionnés. Une portion très considérable de la province n’a ni chemins ni bureaux de poste, ni moulins, ni écoles, ni églises. Les gens peuvent recueillir assez pour leur propre subsistance, et même pour jouir d’une abondance grossière et peu confortable, mais ils peuvent rarement acquérir des richesses, et les riches propriétaires ne peuvent faire autrement que de laisser leurs enfants grandir dans l’ignorance et la rusticité, et occuper