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ration, à moins que quelques actes du Gouvernement impérial ne les privent de toute espérance d’obtenir un vrai pouvoir administratif, même dans le cas où ils obtiendraient encore une majorité dans la chambre d’assemblée. Dans cette espérance, je croie, qu’ils attendront tranquillement la résultat d’une élection générale, qui ne pourra se remettre plus tard que l’été de 1840.

Il ne serait pas bien facile de représenter le caractère et les vues des autres partis dans la province, ils sont si variés que je ne vois pas qu’il pourrait en résulter aucun avantage si j’expliquais les différentes nuances d’opinion qui distinguent chacun de ces partis. Dans un ouvrage bien soigné, qui fut publié à Toronto avant mon séjour en Canada, l’on essaya de classifier les divers partis de la province sous six différentes classes. Quelques-unes furent étroitement classifiés d’après leurs opinions politiques, d’autres d’après leur religion et d’autres d’après le lieu de leur naissance ; et il est clair que chaque parti renfermait dans ses rangs un grand nombre qui d’après le mode de classifications, pouvaient aussi bien appartenir d’un autre parti. Mais il est clair, d’après les rapports de tous les partis, que le gouvernement nominal, la majorité du conseil exécutif, ne jouit pas de la confiance d’un parti bien considérable et que ce parti est appelé le pacte de famille (family compact), qui commande la majorité dans l’une et l’autre branche de la législature et qui dans le fait n’est maintenant soutenu par aucun nombre de personne ou aucun parti bien considérable. Personne n’est plus hostile à ce parti que la plus grande partie de cette grande population qui est née bretonne, aux efforts courageux desquels la conservation de la colonie, l’hiver dernier, est en partie due, et qui voient avec indignation qu’un monopole de pouvoir et de profit est encore entre les mains d’un petit parti, qui parait lié pour exclure du pouvoir les émigrants bretons. Coopérant avec zèle avec le parti dominant pour repousser la trahison et l’invasion étrangère, cette partie de la population, entretient cependant un mépris général pour le parti ; et quoique plusieurs des plus marquants parmi les émigrés bretons aient toujours agi, et agissent encore, en opposition aux réformateurs et ne partagent pas leurs vues d’un gouvernement responsable, je suis bien enclin à penser, qu’eux et la grande masse de leurs compatriotes désirent vraiment obtenir un gouvernement responsable suffisant pour détruire le présent monopole de pouvoir et d’influences.

Outre les raisons de plaintes qui existent dans tout le pays, les habitants bretons en ont d’autres qui leur sont personnelles. Les émigrés qui se sont établis dans le pays depuis les dix dernières années, forment à peu près la moitié de la population. Il se plaignent que les Canadiens tout en désirant posséder dans la colonie les capitaux des bretons et leur travail au moyen desquels leurs champs sont cultivés, refusent de rendre la colonie attractive en y attirant l’habileté bretonne et les capitaux Anglais. Ils disent qu’un émigré anglais au Haut-Canada, est aussi étranger dans cette colonie britannique, qu’il le serait s’il allait aux États-Unis. Il peut également acheter et posséder des terres ou mettre