Page:Lambton - Rapport de Lord Durham.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
97

paru comme si la rébellion avait été excitée exprès par le gouvernement, et que les malheureux qui y avaient pris part, avaient été délibérément attirés dans un piège par ceux qui subséquemment leur ont infligé une punition si sévère pour leur erreur. Il a aussi trop paru, que le parti en pouvoir avait fait usage de l’occasion que venait de leur offrir la vraie culpabilité de quelques hommes désespérés et imprudents, pour persécuter et ruiner le parti entier de leurs adversaires politiques. Un grand nombre d’individus parfaitement innocents furent mis en prison, et souffrirent dans leurs personnes, leurs propriétés et leur caractère. Le parti entier des réformateurs fut exposé au soupçon, et à des procédures harassantes, instituées par des magistrats, dont les penchants politiques lui étaient notoirement opposé. Des lois sévères furent passées, en vertu desquelles des individus généralement respectés furent punis sans aucune forme de procès.

Les deux personnes qui subirent l’extrême peine de la loi, avaient en leur faveur une grande part des sympathies du public. On avait sollicité leur pardon par des pétitions signées par pas moins de 30 000 de leurs compatriotes. Les autres prisonniers furent détenus en prison pendant un temps considérable. Un grand nombre des acteurs subordonnés de l’insurrection furent sévèrement punis, et l’anxiété publique fut excitée à son plus haut degré par l’incertitude relativement au sort des autres, qui furent de temps à autre mis en liberté. Ce ne fut que dans le mois d’octobre dernier que l’on disposa de tous les prisonniers, et qu’une amnistie partiale fut proclamée, qui permit à un grand nombre de ceux qui s’étaient sauvés du pays de revenir en sûreté dans leurs foyers. Je ne mentionne pas les raisons qui, dans l’opinion du gouvernement local, ont fait adopter ces mesures, parce que mon objet n’est pas de discuter la convenance de cette conduite, mais de faire voir l’effet qu’elle a eu en augmentant l’irritation.

Tout le parti des réformateurs, que je suis porté à considérer comme très considérable, et qui a commandé de fortes majorités dans plusieurs chambres d’assemblée, s’est certainement considéré maltraité par les mesures qui ont été adoptées. Il voit tous les pouvoirs du gouvernement entre les mains de ses ennemis, et il croit voir une détermination de se servir de ces pouvoirs d’une manière inflexible contre toutes les mesures auxquelles il est attaché. Les sentiments blessés des individus, et la politique publique d’un parti défait, se combinent pour répandre une grande et sérieuse irritation, mais je ne crois pas que ceci soit encore porté à un point qui puisse faire craindre des mesures violentes pour obtenir les réformes. Les réformateurs ont graduellement repris l’espérance de regagner leur ascendance par des moyens constitutionnels : la prééminence soudaine que la question des réserves du clergé et des Rectories a encore prise, l’été dernier, parait avoir augmenté leur influence et leur confiance : et je n’ai aucune raison de croire, qu’il y ait rien qui puisse généralement et décidément leur faire désirer une sépa-