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chez un libraire, et payer au prix qu’il voulut toute l’édition qu’il venoit de faire d’un autre ou vrage qu’on lui avoit dérobé.

Les qualités de l’ame, plus importantes et plus rares, surpassoient encore en elle les qualités de l’esprit. Elle étoit née courageuse, peu susceptible d’aucune crainte, si ce n’étoit sur la gloire ; incapable de se rendre aux obstacles dans une entreprise nécessaire ou vertueuse. Elle n’étoit pas seulement ardente à servir ses amis sans attendre leurs prières, ni l’exposition souvent humiliante de leurs besoins ; mais une bonne action à faire, même en faveur des personnes indifférentes, la tentoit toujours vivement ; et il falloit que les circonstances fussent bien contraires, si elle n’y succomboit pas. Quelques mauvais succès de ses générosités ne l’en avoient point corrigée, et elle étoit toujours également prète à hazarder de faire le bien. Elle fut fort infirme pendant tout le cours de sa vie. Ses dernières années furent accablées de souffrances, pour lesquelles son courage naturel n’eût pas suffi sans le secours de toute sa religion.

Enfin, elle décéda à Paris le 12 juillet 1735, dans la 86. année de son âge, généralement regrettée, à cause des grandes qualités de son cœur et de son esprit.

(Extrait du Mercure de France de 1733.)