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UN PARRAIN DE MALHEUR

Mon enfant est mort à treize mois. La mort d’un enfant, cela arrive communément dans les familles nombreuses. Pour d’autres cela aurait été un fait très ordinaire, pour moi ce fut un coup de foudre, vu que c’est le seul enfant que j’ai perdu, je ne puis m’empêcher d’y penser souvent. Dans le temps, je n’ai pas porté grande attention aux paroles quasi prophétiques du père Jean, mais depuis que la mort est venue poser son aile sur cet enfant que je chérissais entre tous, je ne puis m’empêcher d’y revenir.

À mesure que mon ami avançait dans son récit, l’air chagrin, la tristesse remarquée sur sa figure s’accentuaient davantage. Les traits de son visage portaient l’empreinte de la vraie douleur, et disaient amplement combien la perte de cet enfant l’avait affecté.

Moi-même, en l’écoutant, je ne pouvais m’empêcher d’éprouver cette sorte d’oppression que l’on ressent, quand un malheur passe près de nous.

— Eh ! lui dis-je, ne t’es-tu jamais informé auprès du père Jean de ce qui le faisait parler ainsi ? Il devait y avoir une cause, puisqu’il avait une raison de refuser d’être parrain.

— Non, me répondit-il. Je n’avais pas porté attention à ces paroles dans le temps, et à