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UNE FÊTE SAINT-JEAN-BAPTISTE

râteau, qui une fourche, la voiture, le cheval et même jusqu’à ma femme Mérance, qu’ils venaient chercher à tout bout de champ pour soigner leurs bobos. Comme si les femmes d’habitants n’ont pas assez de leur besogne, de leur famille à élever sans aller soigner les malades du village.

« Les Gourmont surtout, ah ! les saprés Gourmont ! en ont-ils fait faire des voyages à Mérance pour des riens ! Ça ne pouvait pas s’écraser un orteil ou se brûler le bout du petit doigt, sans se bander la tête.

« C’est mon oncle Jean Gourmont qui ne les aime pas tout de suite les gens du village. Il en a été bien puni, le pauvre oncle, puisque ses quatre garçons ont épousé des filles de quêteux ou de village ce qui revient à la même chose, ça voyez-vous, la seule différence, c’est que les quêteux gardent ce qu’on leur donne tandis que les gens du village ne remettent jamais ce qu’on leur prête.

« Les deux plus vieux garçons de mon oncle Jean convolèrent avec les deux filles de Magloire Sansouci, un quêteux qui fit semblant de vouloir vivre sur une terre à ferme, d’où il fut chassé peu de temps après, parce qu’il ne pouvait en payer la rente.