La chaleur était écrasante, le soleil dardait ses rayons de feu avec une ardeur peu ordinaire. Le repas terminé, Andé me dit : gardant toujours son air sérieux : « À présent, tu vas me suivre, je vais te conduire dans un endroit où nous pourrons nous rafraîchir, je ne t’ai pas encore fait voir le beau « pouvoir d’ombre » que je possède sur ma terre tout près d’ici. » Il me conduit à cinq ou six arpents de la cabane dans un bosquet charmant. Il y avait là, transplantés en ligne droite, de jeunes et vigoureux plants de pins et d’érables à la chevelure touffue, qui formait un rideau de verdure impénétrable aux rayons du puissant Phébus. C’était en effet un vrai « pouvoir d’ombre ».
L’ami Cajolette avait beaucoup voyagé ; comme il était observateur et comme il avait été témoin d’aventures amusantes, il aimait à raconter à tout propos des faits dans lesquels parfois il avait joué certain rôle.
Quoiqu’il se vantait de n’avoir jamais connu la peur, sa hardiesse n’allait pas jusqu’au point, d’être invincible : puisque une fois « l’enveloppe de son cœur était venue sur le point de se décacheter » selon une de ses expressions fami-