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LE MANDARIN.

Didier, si elle n’était dictée par un sentiment religieux ; je pratique la morale de Confucius, morale humaine s’il en fut, et qui m’apparaît lumineuse à travers les faits historiques.

Après quelques silencieuses réflexions, le philosophe ajouta, en s’adressant au mandarin :

— Puisque Koung-Tseu n’avait point de doctrine secrète, il est le père du matérialisme.

— Qu’est-ce qu’un matérialiste ? demanda Pé-Kang.

Didier croisa ses mains et ses genoux ; puis, se penchant vers son interlocuteur, il dit lentement :

— Un matérialiste, monsieur, c’est celui qui nie l’existence d’un être conscient et régulateur du mouvement de l’Univers ; qui ne peut admettre une création nouvelle dont les éléments ne seraient pas donnés ; qui croit à l’éternité de la matière, au développement continu des moyens d’action ; qui cherche enfin les causes dans les affirmations des sciences mathématiques, et non dans la parole de quelques hommes plus ou moins bien inspirés.