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LE MANDARIN.

— Ceci me paraît juste, répondit le diplomate français.

L’histoire fit grand effet. Bientôt la conversation générale reprit son cours, et les discussions politiques recommencèrent.

Sommé par tout le monde à la fois de dire son avis et d’affirmer ses conclusions en matière de gouvernement, le mandarin raconta l’histoire du roi de Thsi :

— Siouan, commença-t-il, était faible, mais il désirait sincèrement le bonheur de son peuple. Un jour il fit appeler le philosophe Meng-Tseu, qui pratiquait la doctrine de Koung-Tseu, et lui demanda comment il fallait s’y prendre pour faire le bonheur d’un peuple. « Ma chétive personne, dit le roi, n’a pas grande lumière. »

Meng-Tseu répondit : « Vous enlevez pour faire la guerre les meilleurs bras aux laboureurs, et le peuple manque de pain ! Encouragez l’agriculture, visitez les champs et rendez-vous compte de l’état des moissons ; lorsque la récolte est abondante, élevez l’impôt en nature et faites construire des greniers ; conservez des grains