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LE MANDARIN.

quasi officielles ; en vain il protesta de son insignifiance, personne n’y voulut croire.

Un soir qu’il dînait chez un haut personnage, vers la fin du repas, quelques diplomates étrangers se prirent à critiquer les actes de leurs gouvernements.

Le mandarin adressa cette question à l’un d’entre eux :

— Un diplomate peut-il, dans la critique du gouvernement qu’il représente, aller jusqu’à blâmer les vices de son chef d’État sans méconnaître les devoirs de sa mission ?

— Les princes n’ont point de vices, mais seulement des faiblesses, répondit un envoyé d’Autriche.

Le chargé d’affaires d’un royaume connu répondit à son tour :

— Tout diplomate peut reconnaître, non blâmer, les défauts de son prince ; il doit chercher surtout à atténuer, par ses propres vertus, l’effet de ces défauts. En agissant ainsi, il prouvera que la somme des qualités du prince qu’il représente est suffisante pour inspirer à