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LE MANDARIN.

Mais les nouveaux prophètes devaient se rendre coupables envers la société du même abus que les catholiques ; ils voulurent détourner la grandeur du sentiment féminin au profit des joies immédiates, comme les disciples du Christ l’avaient détourné au profit des joies futures. Au lieu d’initier la femme aux puissantes vertus de l’amour de l’humanité, ils lui jetèrent en pâture l’amour égoïste et individuel. Il eût fallu, pour affranchir la femme, lui donner sa part des misères, des luttes et des inquiétudes sociales ; elle eût trouvé dans les travaux de l’homme les jouissances qu’elle a cherché en vain dans l’amour libre. Si la femme acceptait la moitié de nos douleurs et de nos charges, elle pourrait acquérir en même temps la moitié de nos espérances. Intéressée au bien-être général, elle ne serait plus, comme aujourd’hui, l’ennemie déclarée du sexe fort. Notre cœur est devenu l’enclume sur lequel frappe à coups redoublés le bras inoccupé de la femme ; en vain il résonne douloureusement ! elle frappe encore jusqu’à ce qu’il soit endurci. Alors,