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LE MANDARIN.

velle, une caste supérieure, qui bientôt à son tour se trouvera en dehors du mouvement et vivra selon sa propre tradition. C’est toujours le passé !… Il faut donc attendre que l’inspiration vienne des masses, et non de quelques individus privilégiés. L’avenir résoudra ce grand problème, j’en ai l’espérance.

— L’avenir est fermé, répondit Pé-Kang.

— L’intelligence de la masse n’est pas un fait reconnu, dit Martial. J’aime plus que personne au monde la liberté ; elle m’est si nécessaire que je crois la trouver partout, sur mon bateau, dans mon atelier ; je la possède et elle me possède. Le sentiment de la liberté est pour moi le plus élevé de tous, et lorsque Didier veut me le reprendre de par l’autorité de ses lois absolues, il me prend des peurs d’enfant ; pour échapper à ses arguments, j’irais volontiers me placer sous la protection du premier soliveau venu. J’aime la liberté, je la veux, il me la faut, et je l’ai. Mais je ne crois pas à l’égalité ; les économistes seuls sont forcés d’y croire, et je les plains. Je défie un artiste de parvenir à