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LE MANDARIN.

choses intellectuelles qui nous perd. J’ai appris en France que les yeux qui regardent le passé ne voient point l’avenir. Nous avons toujours progressé dans l’industrie et dans le commerce ; partout, excepté dans l’art. Peut-on trouver une nation plus commerçante que la nôtre ? et quelle impulsion donne au commerce son plus grand développement, sinon celle de l’industrie ?

— La question se déplace, répondit Martial, il n’y a jamais eu en Chine d’art proprement dit.

— Cher Martial, répliqua le jeune Chinois, on ne sait rien du Céleste Empire ; mais lorsque, par la guerre ou par l’alliance, on le connaîtra davantage, il ne viendra à l’idée de personne de nier l’art chinois. Toute la gloire en appartient à nos pères, je l’avoue. Nous ne créons plus, et nous en sommes réduits, depuis des siècles, à trouver nos inspirations dans le passé. Cependant l’architecture, la peinture, la sculpture sont encore présentement assez honorés, et il nous reste assez de chefs-d’œuvre des premiers maîtres, pour prouver qu’il y a en un art en Chine