« Je détruis sans pitié tout ce qui s’oppose à mon envahissement.
« Je jette à la face des rochers, pendant les siècles des siècles, mes flots qui s’imprègnent en eux, les rongent et les minent.
« Ces rochers que la nature avait mis debout, et dont l’élévation contenait pour moi un perpétuel défi, je les roule au fond de mes abîmes.
« Les constructions des hommes sont des hochets que j’agite à mon gré et que je brise en me jouant.
« Nul ne peut me dompter, je suis l’image de l’orgueil ! »
À son tour la mer se tut et le vent chanta.
Écoutez ce que chante le veut ; sa voix domine le chant des oiseaux et ressemble à la voix des animaux féroces :
« Je suis le vent destructeur qui souffle sur la mer.
« Je me cache dans les voiles et je sais aider le navire à glisser sur les vagues inégales.
« Je disperse les feuilles jaunies et je balaie avec violence les nuages sombres pendant l’hiver.
« Je berce les rêveries ! Dans les longues soirées j’accompagne la voix du conteur.
« Je forme sur terre et sur mer la trombe qui renverse rochers, vaisseaux, moissons, arbres, palais !