Page:Lambert - Le Mandarin.pdf/204

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

191
LE MANDARIN.

au plus tôt, car j’ai les jambes paralysées.

— Abordons immédiatement, je tirerai le canot avec un grelin jusqu’au bout de l’île, dit Martial.

— Oui, oui ! répondirent à la fois Didier et Lefranc.

Pé-Kang lança la barque vers la rive et sauta lestement pour l’amarrer.

Didier avait les jambes et le corps tellement engourdis qu’il fallut l’aider à sortir du bateau.

— l’envie peu la gloire des canotiers, dit-il. Lorsqu’on eut trouvé l’arbre promis, on attaqua les provisions. La joie la plus cordiale présida au goûter, et si quelques réflexions morales glissèrent sur les lèvres des deux philosophes, ce fut au profit de la gaieté générale.

Didier et Lefranc, comme tous ceux que l’étude absorbe dès l’enfance, retrouvaient dans l’intimité mille élans de jeunesse. Sans aucun souci de leur grave caractère, ils se permirent des gamineries dignes de Martial. Pé-Kang lui même, emporté par cette folle expansion, prit des airs de collégien en vacances.