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LE MANDARIN.

rale et applaudi de la masse, les rejette dans le triste champ du doute. Pourtant la vertu n’est pas un mot, et je ne veux point me laisser aller à des découragements stériles.

— Je vous attendais là, cher Lefranc, répliqua Didier. Demandez au mandarin si Confucius ne dit pas « qu’un homme vertueux peut transformer des empires ! »

— Cette phrase est écrite dans les commentaires du Ta-Hio, répondit Pé-Kang, et elle a sauvé bien des sages de la désolation.

— Les temps sont parfois difficiles, repartit Lefranc, non sans amertume, et…

Martial se leva tout droit dans la barque, au risque de la faire chavirer.

— Je ne vous ai point, dit-il, prêté ma nacelle pour qu’il en soit fait une chaire de philosophie. Ne voyez-vous pas qu’elle vient d’être peinte à neuf ? D’après ceci vous pouvez conclure qu’il me serait pénible de la voir couler à fond. D’autre part, comme toutes les discussions philosophiques dégénèrent en disputes, et que j’ai vu de mes propres yeux nombre de philosophes se