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LE MANDARIN.

teurs un grand tableau sur lequel des chiffres étaient écrits. Les chanteurs convertirent ces chiffres en notes sans la moindre hésitation. Une baguette, qui parut enchantée au mandarin, désignait les chiffres aux regards des élèves.

— Sauriez-vous traduire un air chinois en notes françaises ? demanda le général à Pé-Kang.

— Je le sais, répondit Pé-Kang. Et si vous m’affirmez que je ne serai point répréhensible, je vais composer cet air.

— Qu’entendez-vous par ces mots ? dit le général.

— J’ignore si mon titre de mandarin me protégerait auprès de votre chef de musique.

— Veuillez vous expliquer davantage.

— En Chine, la musique, comme en France probablement, est chose religieuse et sacrée. Le chef de musique est donc en droit d’interdire à tous, excepté aux mandarins, la connaissance des six liu ou règles de la musique qui rectifient les cinq sons. La musique étant une vertu ne doit point devenir une faiblesse, et s’il était