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LE MANDARIN.

— Non, répondit la jeune femme en riant, jamais ! — Puis, comprenant la dureté de ce mot que Pé-Kang venait de recevoir en pleine poitrine, et qui l’avait fait pâlir et chanceler, elle ajouta, mais trop tard : — Rien ne saurait cependant empêcher une Française d’aimer un Chinois, si le Chinois est aimable.

Pé-Kang s’inclina froidement, s’éloigna et ne revint plus.

La jeune femme, ayant prié un ami commun de s’informer du motif de cette brusque retraite, le jeune Chinois lui écrivit :

« La belle Tsi-Tseu était bienfaisante, et elle se croyait bonne. Le roi de Lou entendit parler de sa bonté, et il en devint amoureux. Mais, avant le mariage, il voulut qu’elle subit une épreuve. Il organisa une fête, et, au milieu des réjouissances, il fit mourir un homme d’une façon burlesque. La belle Tsi-Tseu ne put réprimer un sourire. En vain, plus tard, ses larmes coulèrent ; la passion du roi de Lou s’était envolée vers les pures régions où elle avait pris naissance.