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LE MANDARIN.

— Non ; je crois qu’en France notamment, il faut se garder d’établir des règles générales en amour.

Durand, qui se trouvait dans le salon, vint saluer les deux causeurs, et prit part à la conversation.

— Madame, répondit-il à la jeune femme qui lui demandait son avis, le peuple français étant le peuple initiateur par excellence, la femme française doit éprouver un grand bonheur à dévoiler dans l’amour des horizons nouveaux ; si elle aime le progrès, ajouta malignement le spiritiste, elle choisira de préférence son amant parmi les barbares.

— Est-ce un esprit qui vous inspire ? dit le mandarin, d’un ton légèrement railleur.

Le spiritiste repartit sur le même ton :

— J’ai vu des femmes aimer d’un amour immense des Anglais, des Russes, des Arabes, des Turcs, je n’en ai point encore vu aimer des Chinois. Et vous, madame, ajouta-t-il en s’adressant à la jeune femme, avez-vous vu, parmi vos connaissances, quelque Française éprise d’un Chinois ?