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LE MANDARIN.

Les honneurs attachés aux charges de la cour le séduiraient-ils ? Pé-Kang est trop jeune pour être ambitieux.

Aux premières lunes du printemps il voulait aller vivre parmi ses laboureurs. Ce rêve a passé, et depuis, ses campagnes lui apparaissent monotones et attristantes. Pé-Kang dédaigne aujourd’hui les beautés de la nature. Les champs verdoyants, la fraîcheur des lacs, l’ombre des bois touffus ne sauraient le charmer ; pour lui, les fleurs sacrées du lis ont perdu leur parfum ; les sons joyeux des flûtes rappelant l’ode Kouan-Tseu et la voix plaintive de l’oiseau jaune le trouvent également insensible. Lorsqu’il offre, selon les rites, des sacrifices à ses ancêtres, dans le temple même, Pé-Kang songe encore et désire.

Mais bientôt une nouvelle transformation succède à la première ! Il a suffi de quelques heures pour changer en aspirations impatientes une longue et morne incertitude. Pé-Kang redevient l’homme aimable, heureux des jours passés. Il reparaît au milieu de ses amis, on le fête, on