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LE MANDARIN.

ments de progrès qu’ils constatent dans leur milieu ; ils sont en luttes perpétuelles avec la société, qu’ils accusent de tendances rétrogrades ; exigeant l’impossible, ils justifient certaines craintes légitimes et des réactions violentes.

Je pense en ce moment aux meilleurs d’entre nous. Ah ! mon ami, que leur amour exagéré du mouvement nous cause de tristesses à certaines heures, et que nous avons raison parfois de maudire la lente et froide logique des choses.

Mais vous aimez, je crois, les apologues ; écoutez celui-ci :

« En ce temps-là, quelques pêcheurs inexpérimentés, gens de cœur et d’énergie, résolurent de s’emparer d’un grand vaisseau qui dormait paresseusement dans un port de notre connaissance. Ils parvinrent à s’en rendre maîtres, en prirent possession, et déposèrent respectueusement le capitaine et l’équipage sur la terre ferme ; puis, ils coupèrent les câbles, hissèrent les voiles et gagnèrent le large. Or une tempête surgit, et le danger devint tel que force