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LAIDE

ressemblent à une énorme fourmi ailée et paraissent voler en rasant les flots. Le bras de mer d’un golfe s’arrondit gracieusement, presse la terre, et fait rêver à une entreprise amoureuse. Les oliviers se mirent dans une eau si limpide que leurs silhouettes réfléchies se confondent avec les pâles ramures de l’arbre lui-même. Une barque rentre au port ; ses voiles sans brise retombent molles comme les plis d’un drapeau qu’on ramène à la caserne. À l’horizon, la mer est lie de vin ; elle est argentée sur ses rives et d’un bleu rosé au centre. Des eucalyptus, les hampes empanachées de fleurs blanches et de feuilles grises, se ramassent pour former d’énormes bouquets. Une île qui s’enfle sur le dos de la mer présente comme une offrande sa corbeille de verdure aux dieux du ciel.

Guy reconnaît l’une des îles de Lérins, Sainte-Marguerite, et la nomme. Il ajoute que cette île lui paraît assez belle pour servir de prison à de grandes figures, et que jusqu’à présent on ne lui a donné que des masques !