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LAIDE

— Alors, répliqua tristement Romain, dis-lui que tu renonces à vivre avec elle. Son humilité qui te choque, sa grandeur d’âme qui t’irrite vont, en cette circonstance, merveilleusement te servir. Elles empêcheront la victime de se défendre, de crier à l’injustice.

Martial reprit :

— Elle est très-riche par la fortune de sa mère, par l’héritage de ses grands parents, qui s’accumulent depuis dix-sept années, et auxquels j’ai sans cesse ajouté, car le devoir d’enrichir ma fille ne me coûtait pas. J’espérais qu’une telle fortune aiderait à la marier ou lui donnerait le goût de l’indépendance. Croirais-tu qu’elle a près de trois cent mille livres de rentes ? L’un de ses hôtels, avenue du bois de Boulogne, est tout prêt, à la recevoir. Son grand-père l’avait meublé de bronzes japonais, de chinoiseries, de chimères, disant que tout cela conviendrait mieux à sa petite-fille que ma maison grecque… Enfin elle est majeure, elle a vingt-cinq ans.